200 000 spectateurs, 500 représentations, 6 danseurs et 1 zentaï. Depuis 2014, les Chicos mambo caracolent de théâtre en théâtre avec leur spectacle Tutu, un véritable triomphe. Mêlant des jeux de lumière aux costumes sculpturaux, la choré-comédie de Philippe Lafeuille oscille entre scènes burlesques et tableaux abstraits. C’est drôle, beau et émouvant. Derrière cette parodie de la danse se cachent de jolis moments de sincérité. Jeudi soir, les clowns-danseurs jouaient une des dernières représentations parisiennes de Tutu avant d’endosser, d’ici une petite semaine, les costumes de Car/Men, leur nouveau spectacle. Cela se passe au Théâtre Libre.

Les Chicos mambo de Philippe Lafeuille enflamment les salles de spectacle depuis une vingtaine d’années. D’abord, il y eu Méli-Mélo en 1998. Dès leurs débuts, ils parodient différentes formes de danse avec des tenues extravagantes. Cendrillon, Tutu et Car/Men, voilà dix ans que Corine Petitpierre (de Clédat & Petitpierre) réalise leurs costumes fantaisistes. Ce couple de sculpteurs-chorégraphes a inventé un univers surnaturel fait de personnages volumineux et de créatures fantasmagoriques. Leur esthétique surréaliste imprègne assurément les costumes et accessoires des Chicos mambo.

Des tutus et un zentaï
Canards, fruits, légumes, boules de couleurs, les tutus prennent des formes aussi farfelues que les personnages. Du tulle coloré à foison pour amplifier l’excentricité des danseurs. Quelques effets spéciaux sont produits par des bonhommes noirs habillés de zentaï. L’un d’eux apparaît à la lumière. Chaque détail est prétexte à rire. Rire de la danse à l’occasion de vingt tableaux tantôt burlesques tantôt poétiques qui questionnent habilement la notion de genre.
Masculin / Féminin
On rigole et on s’interroge. Dissimulés derrière le rire, les Chicos mambo troublent à double titre. Trouble du regard par des décalages de signes (féminins et masculins), trouble de la perception par des effets lumineux. Un ensemble masculin de gymnastique rythmique ou un haka par un rat d’opéra, ces superpositions de signes créent des oxymores pour rire ou s’attendrir, à chacun sa réponse.

A la fin de la représentation, le chorégraphe surprend le public avec une heureuse surprise. La sortie de salle se fait dans une humeur joyeuse et l’envie évidente de retrouver cette troupe prochainement sur la thématique Carmen. C’est au Théâtre libre à partir du 15 Décembre.
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