Peut-être Nadia explore l’icône Comaneci en empruntant les coulisses d’une organisation sportive étroitement liée à la géopolitique. A travers la dictature des Ceausescu, la guerre froide et l’Amérique libérale, cinq comédiens deviennent tour à tour les personnalités influentes du phénomène Comaneci. Entre souvenirs et témoignages, le fil de l’histoire se déroule en passant de la narration au style dramatique. Après un travail documentaire très étoffé, le metteur en scène Pascal Reverte dénonce l’objetisation de la petite fée de Montréal en esquivant le cœur d’une discipline aussi passionnante que sensationnelle. Peu émue par le récit qui m’était pourtant très familier, je me suis perdue dans le format qui manque de fluidité.

Montréal 76, Nadia Comaneci est la première gymnaste à obtenir la note maximale dans une épreuve olympique. Ce que la pièce oublie de préciser : il s’agit du programme imposé (commun à toutes les gymnastes avec un niveau de difficulté moindre par rapport au programme libre). La mise en scène focalise sur ce mouvement des barres asymétriques, le premier 10. Or, la gymnaste a obtenu 7 fois la note maximale notamment sur le programme libre. Partant de l’exploit de Montréal, la pièce dénonce les dérives d’un système sportif politisé et perverti. La gamine de 14 ans est très vite devenue un objet sportif, médiatique et géopolitique sous les projecteurs du monde entier.

Il était une fois dans un gymnase
Sur le plateau, quelques tapis de gymnastique et des barres asymétriques représentent les coulisses de la performance. L’agrès apparaît surtout de manière illustrative puisqu’il n’est pas exploité dans la mise en scène. Il semble plutôt gêner les déplacements des comédiens.
La mise en scène survole les sensations procurées par la gymnastique sans expliquer la performance technique de la petite roumaine. Par son gabarit et sa détermination, Comaneci a révolutionné son sport. Malheureusement le récit ne s’y attarde pas. On apprend « qu’elle défiait les lois de la gravitation ». Le succès de la championne vient aussi des méthodes d’entraînement extrêmement strictes dictées par son entraîneur Bela Karolyi. Une dictature dans la dictature. Celui-ci rode dans le gymnase de manière fantomatique pour se révéler brutalement en fin de représentation.

Un ballet téléphonique en pleine Guerre froide
En milieu de représentation, Olivier Broche nous surprend avec une situation drôlement cocasse. Dans un ballet d’appels téléphoniques venus des quatre coins du monde, il répond aux chefs de gouvernants de Poutine à Brejnev en passant par Bush et Thatcher. On se délecte devant le talent comique de ce grand comédien. Une scène clownesque inattendue mais très bienvenue.
Déception donc pour une pièce au sujet qui s’annonçait cependant très séduisant. Peut-être Nadia se joue à 14h30 les jours impairs au Théâtre du Train bleu.
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