Au programme du Off, Philippe Saire présente une admirable mise en scène d’Angels in America de Tony Kushner. Dans une Amérique infectée par l’homophobie, l’antisémitisme et le racisme, le sida se répand dans le milieu homosexuel. Entre monde réel et monde fantastique, la folie, l’amour, la mort et le sexe s’entremêlent dans une chorégraphie sensuelle. Inaugurée en 2019 à la Comédie de Genève, cette première mise en scène théâtrale du chorégraphe suisse se joue à la Patinoire de La Manufacture d’Avignon. Une remarquable performance où la danse contemporaine prend tout son sens.

Une Amérique nauséeuse
New-York dans les années 1980, l’épidémie de sida frappe la communauté homosexuelle. Les destins d’une dizaine de personnages se percutent. Harper, une femme au foyer accro au Valium s’égare dans d’étranges hallucinations. Prior, un jeune homosexuel lutte contre le sida. Joy, riche avocat n’assumant pas son homosexualité apprend qu’il est séropositif. Les courtes scènes s’enchaînent, se tuilent et se superposent à la manière d’une danse macabre.

Un ballet sensuel et sexuel
Les personnages se bousculent dans l’incompréhension et la violence. A mesure que les mots sortent, les corps se lâchent. Les physiques s’attirent et se repoussent. Les mots se libèrent. Les souffrances des uns rebondissent sur l’impuissance des autres.
Sur un plateau nu, têtes, jambes, ventres, cuisses s’entremêlent dans le désir et la douleur. Le contact est animal. Les instincts se libèrent et les maux deviennent danse. Les interprètes excellent aussi bien dans l’incarnation des personnages que dans la maîtrise de leurs mouvements.

Entre réalisme et fantastique
Au fur et à mesure que les trajectoires se dessinent, le plateau s’élargit. De grands panneaux mobiles s’effacent pour ouvrir l’espace de jeu. Le fantastique côtoie le réel sans frontière physique. La folie de Harper revêt d’étranges déplacements. L’Ange d’Amérique s’invite dans les hallucinations de Prior par de magnifiques tableaux scéniques. La mise en scène souligne les caractères satiriques de certains personnages, des moments de respirations salutaires qui viennent alléger l’atmosphère macabre.
2H30 plus tard, minuit passé, la fatigue s’invite dans la salle. C’est tard, c’est long, c’est loin, mais c’est un vrai régal.
Angels in America se joue à 21h30 à La Manufacture jusqu’au 25 Juillet.
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